Titre : | Méduse ou le miroir de l'évaluation... De la pétrification des pratiques à l?insistance du désir. | Type de document : | texte imprimé | Auteurs : | COLLECTIF ; Gaëlle LEGO ; Sophie LESPEIX | Année de publication : | 2012 | Langues : | Français | Catégories : | Droits du patient évaluation Norme Pratique Protocole
| Mots-clés : | Droits du patient Pratique Norme Evaluation Protocole | Résumé : | dirigé par Gaëlle Légo et Sophie Lespeix , intitulé : « Méduse ou le miroir de l?évaluation ...De la pétrification des pratiques à l?insistance du désir. » Ouvrage collectif qui dresse un tableau sans concession et finement analysé des modifications institutionnelles en cours et des espaces qui sont à créer. La nouvelle industrie de la santé mentale et du secteur social : les professionnels disent non ! Plus de 300 cliniciens, travailleurs sociaux et personnels administratifs dans les Institutions de l?ouest disent non à la mise en concurrence des institutions de soin et à la normalisation des pratiques selon les références de l?OMS. La table ronde organisée à Brest par les « Comités de Vigilance des Centres Médico Psycho_ Pédagogiques et des Centres Medico- Psychologiques de l?Ouest » a rassemblé le 4 Juin des professionnels de toute catégorie venus des 5 départements du grand Ouest et d?une centaine d?institutions différentes. Ont été regrettées les « non ? réponses » de l?INSERM , de la « Haute Autorité en Santé », et le manque de disponibilité à cette date de personnes « suffisamment compétentes » du Ministère de la Santé et proches collaborateurs pour participer à cette table ronde ce jour là . Un débat est aujourd?hui incontournable et commence à s?ouvrir : l?enjeu n?a pas à se poser comme celui d?une « spécialisation » contre une autre mais beaucoup plus fondamentalement comme le statut donné au psychisme humain dans une civilisation à venir. Les médias y ont un grand rôle : soit elles participent à l?ouverture de ce débat qui nous concerne tous dans un moment charnière de notre culture, qui s?opère (de moins en moins) à bas bruit, soit elles tentent de les réduire à des questions identitaires de corporations . Le Patient est-il encore quelqu?un, entre protocoles standardisés, évaluations et judiciarisation. ? Cette question centrale aux débats et titre de la Table Ronde a été abordé principalement avec les apports très précis de deux psychanalystes, Claire CHRISTIEN, médecin directeur et psychiatre en Centre Médico- Psycho- Pédagogique et Roland GORI, professeur de psychopathologie à l?Université d?Aix- Marseille et auteur, avec Marie José DEL VOLGO de « La Santé Totalitaire ». Deux autres interventions informatives sont venues ponctuer ces deux exposés : Jean Paul BRIDE psychologue clinicien, en psychiatrie de secteur en côte d?Armor représentant le Comité de Vigilance des CMP de l?Ouest et Jean ?Yves BITEAU Psychologue en CMPP dans le Morbihan, psychanalyste. * la situation des institutions de soin en psychiatrie adulte et infanto-juvenile très préoccupante dans les côtes d?Armor( entre autre département) pour le premier * une lecture de morceaux choisis dans la presse quotidienne nationale de tout bord illustrant l?idéologie qui prévaut actuellement concernant les « modes de gestion »de la souffrance psychique pour le second. Patricia Viollette a introduit les débats resituant la mobilisation depuis 2 ans du Comité de Vigilance des CMPP de l?Ouest puis de celui des CMP composés d? un ensemble de multiples corporations professionnelles. Claire Christien a éclairé une pratique institutionnelle sans cesse renouvelées par deux situations cliniques d?enfants en grande difficulté suivis au CMPP de Pithiviers( Loiret). « Le comportement d?un enfant est, à lui seul, opaque, fermé comme une huître. Envisager les soins par un côté comportemental serait soumettre l?enfant à toutes les violences de l?ignorance arrogante de pratiques mimant la science sans en avoir la rigueur Les exemples de Juliette et K. montrent comment chaque intervenant accepte de se mettre à l?épreuve des symptômes de l?enfant, cela dans une institution hétérogène ; tout le contraire du grand magasin des thérapies, vers lequel on semble aller, où la position d?un savoir normé par les protocoles de soins obture ce qui peut venir du patient et se construire avec lui dans le risque d?une rencontre sans cesse à analyser. Juliette a trois ans, est adressée au CMPP par le pédiatre qui la suit de façon très rigoureuse sur le plan somatique et le médecin scolaire, car « elle ne parle pas, elle n?a aucun lien avec les enfants, fuit le regard, est agitée sans sembler avoir conscience du danger » et donc est très mal supportée à l?école maternelle. Le psychiatre, psychanalyste, qui la reçoit au CMPP propose immédiatement plusieurs séances par semaine, et après avoir entendu sa mère faire part de sa grande détresse et d?une lourde histoire personnelle et familiale, proposera l?aide de l?assistante sociale du CMPP. Juliette sera aussi accueillie, une, puis deux et trois fois par semaine, dans un petit groupe thérapeutique animé par une psychologue et une éducatrice. Chaque entretien avec cette enfant amène l?analyste à s?appliquer au détail clinique, ici, une étrange modulation sonore, un trémolo qui fait vibrer toute la gorge de l?enfant ravie et alors inaccessible. C?est à partir de là, en inventant, en mettant en jeu sa propre voix, que l?analyste pourra amener l?enfant à une ébauche de parole, tandis que la relation de confiance, et le travail avec la famille et l?école, modifient la place de Juliette parmi les humains.... K a deux ans, ne parle pas, son avenir semble grevé par un diagnostic néo-natal de maladie génétique rare. La psychomotricienne qui le reçoit, engage avec lui et ses parents, spécialement sa mère, un travail inventif et polyglotte. Puisque la maman ne parle pas français, un dictionnaire sera nécessaire. Un va et vient permanent entre cette écoute particulière et un travail en réunions de synthèse avec l?équipe du CMPP fera apparaître que K. ne supporte pas d?être regardé. Il choisit l?autre place, celui qui regarde, et se met alors à parler. Pour cet enfant, observé « sous toutes les coutures » depuis sa naissance, il a été essentiel de pouvoir, grâce à une riche production de dessins et de modelages, dire cette souffrance, et par là même, se dégager de cette place avant de consentir aux apprentissages scolaires . Il a fallu aussi toute « la docilité au cas » de la psychomotricienne, dont le travail avec lui est loin d?une pratique de rééducation standard. Dans cette prise de position comme analyste, il ne s?agit pas de défendre une identité comme analyste, ni d?entrer en guerre contre les médecins, pédiatres, neurologues. Il ne s?agit pas de défendre une théorie contre une autre. Cela ne suppose pas une théorie de l?étiologie, de la cause de l?autisme. Peut être trouvera-t-on dans les années à venir différents facteurs organiques intervenant dans cette maladie, facteurs génétiques, neurophysiologiques, etc. Rien de tout cela ne dément l?hypothèse que nous faisons d?un sujet affecté par le langage et la parole. Nous pensons que toute demande doit être entendue, qu?à toute demande il doit être répondu. Nous ne pensons pas que toute demande doit être satisfaite ! Il arrive aussi que la demande des parents ne suffise pas à mettre l?enfant au travail... il faut qu?à un moment la balle passe dans son camp pour que nous puissions jouer avec lui. Ce travail d?accouchement de la demande est imprévisible et ne peut guère faire l?objet d?une standardisation... » |
Méduse ou le miroir de l'évaluation... De la pétrification des pratiques à l?insistance du désir. [texte imprimé] / COLLECTIF ; Gaëlle LEGO ; Sophie LESPEIX . - 2012. Langues : Français Catégories : | Droits du patient évaluation Norme Pratique Protocole
| Mots-clés : | Droits du patient Pratique Norme Evaluation Protocole | Résumé : | dirigé par Gaëlle Légo et Sophie Lespeix , intitulé : « Méduse ou le miroir de l?évaluation ...De la pétrification des pratiques à l?insistance du désir. » Ouvrage collectif qui dresse un tableau sans concession et finement analysé des modifications institutionnelles en cours et des espaces qui sont à créer. La nouvelle industrie de la santé mentale et du secteur social : les professionnels disent non ! Plus de 300 cliniciens, travailleurs sociaux et personnels administratifs dans les Institutions de l?ouest disent non à la mise en concurrence des institutions de soin et à la normalisation des pratiques selon les références de l?OMS. La table ronde organisée à Brest par les « Comités de Vigilance des Centres Médico Psycho_ Pédagogiques et des Centres Medico- Psychologiques de l?Ouest » a rassemblé le 4 Juin des professionnels de toute catégorie venus des 5 départements du grand Ouest et d?une centaine d?institutions différentes. Ont été regrettées les « non ? réponses » de l?INSERM , de la « Haute Autorité en Santé », et le manque de disponibilité à cette date de personnes « suffisamment compétentes » du Ministère de la Santé et proches collaborateurs pour participer à cette table ronde ce jour là . Un débat est aujourd?hui incontournable et commence à s?ouvrir : l?enjeu n?a pas à se poser comme celui d?une « spécialisation » contre une autre mais beaucoup plus fondamentalement comme le statut donné au psychisme humain dans une civilisation à venir. Les médias y ont un grand rôle : soit elles participent à l?ouverture de ce débat qui nous concerne tous dans un moment charnière de notre culture, qui s?opère (de moins en moins) à bas bruit, soit elles tentent de les réduire à des questions identitaires de corporations . Le Patient est-il encore quelqu?un, entre protocoles standardisés, évaluations et judiciarisation. ? Cette question centrale aux débats et titre de la Table Ronde a été abordé principalement avec les apports très précis de deux psychanalystes, Claire CHRISTIEN, médecin directeur et psychiatre en Centre Médico- Psycho- Pédagogique et Roland GORI, professeur de psychopathologie à l?Université d?Aix- Marseille et auteur, avec Marie José DEL VOLGO de « La Santé Totalitaire ». Deux autres interventions informatives sont venues ponctuer ces deux exposés : Jean Paul BRIDE psychologue clinicien, en psychiatrie de secteur en côte d?Armor représentant le Comité de Vigilance des CMP de l?Ouest et Jean ?Yves BITEAU Psychologue en CMPP dans le Morbihan, psychanalyste. * la situation des institutions de soin en psychiatrie adulte et infanto-juvenile très préoccupante dans les côtes d?Armor( entre autre département) pour le premier * une lecture de morceaux choisis dans la presse quotidienne nationale de tout bord illustrant l?idéologie qui prévaut actuellement concernant les « modes de gestion »de la souffrance psychique pour le second. Patricia Viollette a introduit les débats resituant la mobilisation depuis 2 ans du Comité de Vigilance des CMPP de l?Ouest puis de celui des CMP composés d? un ensemble de multiples corporations professionnelles. Claire Christien a éclairé une pratique institutionnelle sans cesse renouvelées par deux situations cliniques d?enfants en grande difficulté suivis au CMPP de Pithiviers( Loiret). « Le comportement d?un enfant est, à lui seul, opaque, fermé comme une huître. Envisager les soins par un côté comportemental serait soumettre l?enfant à toutes les violences de l?ignorance arrogante de pratiques mimant la science sans en avoir la rigueur Les exemples de Juliette et K. montrent comment chaque intervenant accepte de se mettre à l?épreuve des symptômes de l?enfant, cela dans une institution hétérogène ; tout le contraire du grand magasin des thérapies, vers lequel on semble aller, où la position d?un savoir normé par les protocoles de soins obture ce qui peut venir du patient et se construire avec lui dans le risque d?une rencontre sans cesse à analyser. Juliette a trois ans, est adressée au CMPP par le pédiatre qui la suit de façon très rigoureuse sur le plan somatique et le médecin scolaire, car « elle ne parle pas, elle n?a aucun lien avec les enfants, fuit le regard, est agitée sans sembler avoir conscience du danger » et donc est très mal supportée à l?école maternelle. Le psychiatre, psychanalyste, qui la reçoit au CMPP propose immédiatement plusieurs séances par semaine, et après avoir entendu sa mère faire part de sa grande détresse et d?une lourde histoire personnelle et familiale, proposera l?aide de l?assistante sociale du CMPP. Juliette sera aussi accueillie, une, puis deux et trois fois par semaine, dans un petit groupe thérapeutique animé par une psychologue et une éducatrice. Chaque entretien avec cette enfant amène l?analyste à s?appliquer au détail clinique, ici, une étrange modulation sonore, un trémolo qui fait vibrer toute la gorge de l?enfant ravie et alors inaccessible. C?est à partir de là, en inventant, en mettant en jeu sa propre voix, que l?analyste pourra amener l?enfant à une ébauche de parole, tandis que la relation de confiance, et le travail avec la famille et l?école, modifient la place de Juliette parmi les humains.... K a deux ans, ne parle pas, son avenir semble grevé par un diagnostic néo-natal de maladie génétique rare. La psychomotricienne qui le reçoit, engage avec lui et ses parents, spécialement sa mère, un travail inventif et polyglotte. Puisque la maman ne parle pas français, un dictionnaire sera nécessaire. Un va et vient permanent entre cette écoute particulière et un travail en réunions de synthèse avec l?équipe du CMPP fera apparaître que K. ne supporte pas d?être regardé. Il choisit l?autre place, celui qui regarde, et se met alors à parler. Pour cet enfant, observé « sous toutes les coutures » depuis sa naissance, il a été essentiel de pouvoir, grâce à une riche production de dessins et de modelages, dire cette souffrance, et par là même, se dégager de cette place avant de consentir aux apprentissages scolaires . Il a fallu aussi toute « la docilité au cas » de la psychomotricienne, dont le travail avec lui est loin d?une pratique de rééducation standard. Dans cette prise de position comme analyste, il ne s?agit pas de défendre une identité comme analyste, ni d?entrer en guerre contre les médecins, pédiatres, neurologues. Il ne s?agit pas de défendre une théorie contre une autre. Cela ne suppose pas une théorie de l?étiologie, de la cause de l?autisme. Peut être trouvera-t-on dans les années à venir différents facteurs organiques intervenant dans cette maladie, facteurs génétiques, neurophysiologiques, etc. Rien de tout cela ne dément l?hypothèse que nous faisons d?un sujet affecté par le langage et la parole. Nous pensons que toute demande doit être entendue, qu?à toute demande il doit être répondu. Nous ne pensons pas que toute demande doit être satisfaite ! Il arrive aussi que la demande des parents ne suffise pas à mettre l?enfant au travail... il faut qu?à un moment la balle passe dans son camp pour que nous puissions jouer avec lui. Ce travail d?accouchement de la demande est imprévisible et ne peut guère faire l?objet d?une standardisation... » |
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