Titre : | Le Vrai Charcot. Les chemins imprévus de l'inconscient. Suivi de deux essais de Jacques Gasser et Alain Chevrier. | Type de document : | texte imprimé | Auteurs : | Marcel GAUCHET ; Gladys SWAIN | Année de publication : | 1997 | Importance : | 284 | Langues : | Français | Catégories : | Histoire de la psychanalyse Hypnose Hystérie
| Mots-clés : | Histoire de la psychanalyse Hypnose Hystérie | Résumé : | Poursuivant leur projet d'éclaircir les conditions de la découverte de la notion d'inconscient, Marcel Gauchet et Gladys Swain devaient nécessairement croiser Charcot sur leur chemin. Comment comprendre l'invention du traitement psychanalytique, sans retracer au préalable les développements de la science psychopathologique qui aboutirent à la constitution d'un objet médical nouveau, les névroses, objet propre de ce traitement ? Freud fut initié aux arcanes de l'hystérie moderne, première parmi les névroses à avoir nourri ses hypothèses sur l'inconscient, par Charcot (1825-1893), lors d'un court séjour dans son service à l'hiver 1886. La délimitation clinique de l'hystérie était alors l'une des tâches de longue haleine menée par Charcot, simultanément au dégagement neurologique de bien d'autres affections avoisinantes, telles que la sclérose en plaques, les épilepsies, les paralysies motrices, etc. Le "vrai" Charcot que nous révèlent Swain et Gauchet, c'est celui de ces patients travaux cliniques, qu'ils remettent en lumière à partir de ses ?uvres publiées et du fonds d'archives Charcot conservé à La Salpêtrière. Leur livre nous restitue l'échelle exacte du personnage et de son ?uvre, pulvérisant au passage la légende consacrée du neurologue manipulé par ses créatures, telle que l'entretient encore la vulgate psychanalytique, plus soucieuse de mettre en valeur l'acte libératoire de son créateur que de vérité historique. Swain et Gauchet se livrent donc à une lecture minutieuse de Charcot, pour retracer avec beaucoup de clarté sa contribution, par delà les vicissitudes de ses patients hystériques, à la naissance de l'inconscient moderne. C'est l'histoire passionnante d'une avancée scientifique qui s'accomplit pas à pas, trente ans durant, en s'appuyant sur la solide méthode anatomo-clinique et sur celle, non moins efficace et parfaitement mise au point par Charcot, des "types cliniques", sur le rapprochement de détails inexpliqués tirés d'observations exemplaires, sur une nosographie évolutive, constamment remaniée en fonction de ses trouvailles. Ce faisant, Charcot aura effectué la transition de l'antique hystérie, maladie de la femme et de ses fonctions génésiques, à une hystérie neurologique, qui affecte aussi bien les hommes, pour déboucher à la fin de sa vie sur une hystérie psychique, affection mentale que son élève Babinski exclura définitivement du champ de la neurologie. L'un des facteurs clés de cette neurologisation de l'hystérie fut constitué par la question des paralysies psychiques masculines. Sa résolution conduit Charcot à abandonner, à la suite de Briquet, les notions désuètes de l'hystérie génitale, pour développer celle plus actuelle d'une hystérie nerveuse, qu'il conçoit comme une maladie de l'hyperexcitabilité neuromusculaire : une diathèse silencieuse, qui s'actualise à l'occasion d'un choc traumatique (le prototype en est l'accident de chemin de fer, qui frappe alors les esprits), dont le modèle est emprunté à la chirurgie. L'un des apports les plus nouveaux de Gauchet est de reconstruire précisément la séquence, demeurée obscure, des événements qui amenèrent Charcot à faire appel à l'hypnose dans son étude expérimentale ultérieure de l'hystérie. Tout découle de l'observation réitérée que les symptômes hystériques sont reproductibles, retombée inattendue d'une thérapeutique douteuse, la métalloscopie de transfert. Ceci permet à Charcot de passer à l'idée, aussitôt mise en pratique, que l'on peut produire artificiellement des symptômes chez ces patients. L'activité de la métalloscopie étant rapportée à l'action de courants électriques faibles, il débouche de fil en aiguille sur l'action de l'électricité sur le système nerveux, puis sur celle des aimants et celle, apparentée, du magnétisme physiologique (anciennement "animal"), de là, tout naturellement, à l'hypnotisme. Moment clé qui facilitera le passage final à une hystérie maladie mentale, rendu pressant par la pathogénie du traumatisme psychique ("l'idée de la paralysie, c'est déjà la paralysie") et le défi de la suggestion que posaient à Charcot Berheim et l'école de Nancy. Tout un domaine renouvelé de questionnement en est sorti, qui ouvre aux problèmes de l'unité de la personnalité, de sa possible désagrégation et de son clivage, de son dédoublement, de ses rapports avec le corps inconscient. Sur toutes ces questions, le livre de Swain et Gauchet apporte des vues inédites, en ressuscitant une étape capitale pour l'histoire de la compréhension des mécanismes de l'esprit. On s'interroge, au passage, sur ces hystériques dont Charcot nous dépeint maintes observations : que sont-elles devenues ? |
Le Vrai Charcot. Les chemins imprévus de l'inconscient. Suivi de deux essais de Jacques Gasser et Alain Chevrier. [texte imprimé] / Marcel GAUCHET ; Gladys SWAIN . - 1997 . - 284. Langues : Français Catégories : | Histoire de la psychanalyse Hypnose Hystérie
| Mots-clés : | Histoire de la psychanalyse Hypnose Hystérie | Résumé : | Poursuivant leur projet d'éclaircir les conditions de la découverte de la notion d'inconscient, Marcel Gauchet et Gladys Swain devaient nécessairement croiser Charcot sur leur chemin. Comment comprendre l'invention du traitement psychanalytique, sans retracer au préalable les développements de la science psychopathologique qui aboutirent à la constitution d'un objet médical nouveau, les névroses, objet propre de ce traitement ? Freud fut initié aux arcanes de l'hystérie moderne, première parmi les névroses à avoir nourri ses hypothèses sur l'inconscient, par Charcot (1825-1893), lors d'un court séjour dans son service à l'hiver 1886. La délimitation clinique de l'hystérie était alors l'une des tâches de longue haleine menée par Charcot, simultanément au dégagement neurologique de bien d'autres affections avoisinantes, telles que la sclérose en plaques, les épilepsies, les paralysies motrices, etc. Le "vrai" Charcot que nous révèlent Swain et Gauchet, c'est celui de ces patients travaux cliniques, qu'ils remettent en lumière à partir de ses ?uvres publiées et du fonds d'archives Charcot conservé à La Salpêtrière. Leur livre nous restitue l'échelle exacte du personnage et de son ?uvre, pulvérisant au passage la légende consacrée du neurologue manipulé par ses créatures, telle que l'entretient encore la vulgate psychanalytique, plus soucieuse de mettre en valeur l'acte libératoire de son créateur que de vérité historique. Swain et Gauchet se livrent donc à une lecture minutieuse de Charcot, pour retracer avec beaucoup de clarté sa contribution, par delà les vicissitudes de ses patients hystériques, à la naissance de l'inconscient moderne. C'est l'histoire passionnante d'une avancée scientifique qui s'accomplit pas à pas, trente ans durant, en s'appuyant sur la solide méthode anatomo-clinique et sur celle, non moins efficace et parfaitement mise au point par Charcot, des "types cliniques", sur le rapprochement de détails inexpliqués tirés d'observations exemplaires, sur une nosographie évolutive, constamment remaniée en fonction de ses trouvailles. Ce faisant, Charcot aura effectué la transition de l'antique hystérie, maladie de la femme et de ses fonctions génésiques, à une hystérie neurologique, qui affecte aussi bien les hommes, pour déboucher à la fin de sa vie sur une hystérie psychique, affection mentale que son élève Babinski exclura définitivement du champ de la neurologie. L'un des facteurs clés de cette neurologisation de l'hystérie fut constitué par la question des paralysies psychiques masculines. Sa résolution conduit Charcot à abandonner, à la suite de Briquet, les notions désuètes de l'hystérie génitale, pour développer celle plus actuelle d'une hystérie nerveuse, qu'il conçoit comme une maladie de l'hyperexcitabilité neuromusculaire : une diathèse silencieuse, qui s'actualise à l'occasion d'un choc traumatique (le prototype en est l'accident de chemin de fer, qui frappe alors les esprits), dont le modèle est emprunté à la chirurgie. L'un des apports les plus nouveaux de Gauchet est de reconstruire précisément la séquence, demeurée obscure, des événements qui amenèrent Charcot à faire appel à l'hypnose dans son étude expérimentale ultérieure de l'hystérie. Tout découle de l'observation réitérée que les symptômes hystériques sont reproductibles, retombée inattendue d'une thérapeutique douteuse, la métalloscopie de transfert. Ceci permet à Charcot de passer à l'idée, aussitôt mise en pratique, que l'on peut produire artificiellement des symptômes chez ces patients. L'activité de la métalloscopie étant rapportée à l'action de courants électriques faibles, il débouche de fil en aiguille sur l'action de l'électricité sur le système nerveux, puis sur celle des aimants et celle, apparentée, du magnétisme physiologique (anciennement "animal"), de là, tout naturellement, à l'hypnotisme. Moment clé qui facilitera le passage final à une hystérie maladie mentale, rendu pressant par la pathogénie du traumatisme psychique ("l'idée de la paralysie, c'est déjà la paralysie") et le défi de la suggestion que posaient à Charcot Berheim et l'école de Nancy. Tout un domaine renouvelé de questionnement en est sorti, qui ouvre aux problèmes de l'unité de la personnalité, de sa possible désagrégation et de son clivage, de son dédoublement, de ses rapports avec le corps inconscient. Sur toutes ces questions, le livre de Swain et Gauchet apporte des vues inédites, en ressuscitant une étape capitale pour l'histoire de la compréhension des mécanismes de l'esprit. On s'interroge, au passage, sur ces hystériques dont Charcot nous dépeint maintes observations : que sont-elles devenues ? |
|